mardi 13 mai 2008

Ici, nous "codormons"!

Une des questions que les nouveaux parents entendent souvent c'est :" Pis, y fait-tu ses nuits?". Généralement, les parents cernés diront que non mais qu'ils y travaillent fort, ou mentiront en affirmant que tout va bien ou encore ils souriront et acquiesceront triomphalement.  Généralement, ces questions s'estompent d'elles même entre les quatrième et sixième mois de l'enfant, car c'est, selon les pédiatres, le moment où l'enfant est apte à faire ses nuits. Nous, même notre médecin s'est mise de la partie en nous disant, à quatre mois: "Comme il a maintenant atteint une certaine maturité digestive, vous pouvez essayer de le casser et ainsi il fera ses nuits." Moi, un médecin qui me dit de casser mon bébé je trouve pas ça génial... Je sais bien qu'elle parlait de ses habitudes de sommeil, mais quand même, ça m'a fait grincer des dents.

Par contre, dès que le bébé en question a dépassé l'âge vénérable de sept mois, plus personne ne vous demande comment se passent les nuits de bébé car tout le monde prend pour acquis qu'elles sont désormais paisibles. C'est donc dans le plus grand secret que je vous annonce qu'à treize mois, B. se réveille plusieurs fois par nuit et qu'en fait, ça ne me dérange pas du tout (à l'exception de ses escalades de la semaine dernière). 

Pendant que j'étais enceinte, mon amie Isabelle, maman de trois enfants que je respecte beaucoup, m'avait dit, sans même s'imaginer ce qu'elle pourrait faire germer en moi, sans même penser qu'elle aurait pu m'offusquer, simplement parce que ça allait de soi pour elle : "De toutes façons, tu laisseras pas ton bébé naissant dormir dans une autre chambre que la tienne!" Non? Ben, à vrai dire je n'y avais pas vraiment pensé. Bien sûr, j'avais installé un petit berceau près de notre lit, pour les premiers jours, mais je m'étais aussi procuré un couchette que j'avais mise dans la future chambre de notre crevette. Lorsque nous sommes revenus à la maison avec B., nous l'avons installé confortablement entre nos deux oreillers et il a dormi TOUTE la nuit. Au petit matin j'étais bien inquiète, puisque mon petit bébé rachitique n'avait pas bu de la nuit. Cette journée-là, on a rencontré une infirmière/prof de soins infirmiers au Cégep lors du contrôle de poids au CLSC. Elle nous a demandé comment s'était passée la nuit de bébé; nous lui avons répondu que nous avions dormi avec lui, dans le même lit (le nôtre, en l'occurence... évidemment...). HOREUR! Elle nous a alors vanté les bienfaits de partager la chambre avec bébé, mais a ajouté que le fait de dormir dans le même lit que lui augmentait les risques de mort subite du nourrisson. Bébé étant si bien, au chaud, collé sur sa maman, il en viendrait à oublier de respirer. Le soir même, nous avons décidé de reléguer aux oubliettes l'idée de dormir avec fiston. J'ai placé Bobo dans le petit berceau que j'ai collé sur notre lit. La nuit, lorsqu'il se réveillait, je le prenais dans le lit à mes côtés et je l'allaitais en position couchée, et lorsqu'il s'était rendormi, je le remettais dans son lit et me rendormais à mon tour. Lentement, le stress du début s'est estompé et une nuit, je me suis endormie en l'allaitant, et il est donc resté à dormir avec nous. Au matin, j'ai paniqué. La nuit suivante j'ai allaité B. assise pour m'efforcer de rester éveillée. Au bout de quelques jours, j'étais épuisée et je m'endormais assise en allaitant mon fils. J'ai donc adopté de nouveau la position couchée, sans trop m'en rendre compte, et j'ai redormi avec fiston quelques nuits, mais il y avait toujours le discours de l'infirmière qui me trottait dans la tête et qui m'inquiétait beaucoup. 

Près de deux mois après la naissance de Bo., une amie qui voulait devenir accompagnante à la naissance est venue nous interviewer pour se monter un portfolio de récits de naissances. Nous avons beaucoup parlé de notre style de maternage (et de « paternage » aussi), puis la discussion a bifurqué vers le cododo. Elle a été outrée des propos de l’infirmière, à tel point qu'elle est revenue le lendemain me porter un numéro de la Voie lactée (Le journal de la Ligue La Leche) et un livre : Être parent la nuit aussi, du docteur William Sears. Ces lectures, et ses propos, m’ont fait comprendre que d’autres études prétendait le contraire des remontrances apocalyptiques de l'infirmière, et que de partager la couette avec son enfant réduirait les risques de mort subite du nourrisson. J’ai donc fait quelques recherches sur Internet, j’ai lu sur le sujet, et je me suis surtout dit que j’adorais dormir avec lui et que de l’avoir près de moi me rendait la vie bien plus facile.

Depuis, nous avons installé la couchette de Bo. dans notre chambre. Il y fait ses siestes et y entame sa nuit. Lorsqu’il se réveille, on le prend dans le lit avec nous et je l’allaite. Il boit peu, mais se colle beaucoup, il aime (et moi aussi) la chaleur des contacts humains. Cette proximité fait que je me réveille à peine, qu’il a d’infimes périodes d’éveil et que depuis que mon fils à deux mois, je peux dire que MOI au moins je fais mes nuits. Le fait de l’avoir avec nous dans le lit nous permet aussi de dormir plus longtemps le matin, souvent jusqu’à 8h30-9h00, et ça c’est de l’or en barre pour des nouveaux parents. Ça nous permet aussi d’assister à ses premiers sourires et gazouillements de la journée et de vivre tous les trois au même rythme.  

B., papa et la chatte cododotent,  en juin 2007

Je sais pertinemment que notre choix peut en laisser plusieurs perplexes, mais nous l'assumons pleinement. 

12 commentaires:

Anonyme a dit...

Bon, c'est aujourd'hui que je fais mon coming out : je te lis régulièrement, et c'est toujours avec beaucoup de plaisir! En fait, soit je suis émue, soit je ris, mais tes écrits me laissent rarement indifférente. Merci de tant de générosité!
Ariane
euh, je devrais peut-être préciser... la Ariane qui connait le papa de B. par le FJAT... c'est plus clair? ;)

a dit...

Ah! C'est donc toi la mystérieuse visiteuse de Rouyn! Par contre, c'est pas très juste tout ça. Toi tu as de nos nouvelles, mais nous en avons peu de toi. On a bien hâte de te revoir.

Ysa_la_tite_mere a dit...

J'adore cette photo, elle respire l'amour et la tendresse.
Ma Cocotine non plus ne fait pas ses nuits, loin de là. Expérience fort différente de Babe qui a trois mois dormait des 12h en ligne. Elle dort dans sa chambre par bout, dans notre lit par bout. Je ne le crie pas trop fort non plus... Pas envie de me faire servir des histoires de 5-10-15 et autres. Je ne laisse pas ma fille pleurer un point c'est tout! Et s'il y en a que ça contrarie, qu'ils mangent un char!

a dit...

Ça a longtemps été un dilemme à savoir si on laissait B. s'endormir comme il le voulait, comme il le souhaitait ou comme les livres nous le dictaient. On s'est fait recommander le livre "Enfin je dors... et mes parents aussi" (de l'Hôpital Ste-Justine) qui expliquait très bien les phases de sommeil, mais qui préconisait la méthode 5-10-15, qui ne me semblait pas très jojo. On l'a tout de même essayée deux ou trois fois, mais c'était tout simplement horrible de le laisser s'époumoner, j'en pleurais et je n'étais absolument pas à l'aise avec ça. J'ai donc décidé de m'assumer et de continuer à endormir fiston, comme nous le faisions déjà.

Jaël a dit...

Merci pour ce beau billet sur le co-dodo!

J'avais moi aussi en tête de rédiger ma petite histoire sur le sujet, et je reportais l'écriture de mon texte depuis trop longtemps. C'est maintenant chose faite!

Le livre de Sainte-Justine... un des pire que j'ai pu lire sur le sommeil du bébé. Bien dommage que de telles méthodes soient encore enseignées aux parents :o\

Bon, maintenant les filles, il faut arrêter de co-dodoter en cachette. Ya rien de mal à ça... bien au contraire!

Anonyme a dit...

J'ai exactement la même photo mais en version féminine (mais pas en bedaine haha)!!

Ma sage-femme m'avait parlé du co-dodo au moins pour les premiers jours de vie de Belle Beauté. Dans son cas, nous avons même pratiqué le co-dodo+peau à peau pendant quelques semaines! Elle pleurait tant et tant, je n'aurais pas pu faire autrement..!

a dit...

Même si j'ai fait des recherches sur le sujet et que j'ai trouvé plein de co-dormeurs (principalement en Australie et en Europe), c'est toujours rassurant de voir qu'on est pas les seuls à pratiquer le co-dodo. Principalement parce que les gens de notre entourage ne semblent pas toujours comprendre, surtout à l'âge où B. est rendu. Mais peu importe les commentaires on est pas près de changer notre façon de faire de si tôt. Bon co-dodo à toutes!

a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Évangéline a dit...

L'infirmière du clsc m'avait expliqué qu'a cause de notre inconscient, il n'y avait aucun problème a co-dodoter avec bébé. Lorsque ma 3e a eu 3-4 mois, elle s'endormait dans son lit mais se réveillait vers 3heures am, dur dur. Mon chum allait la chercher et je l'allaitais couchée, pour m'endormir aussitot le bébé au sein. J'ai tellement bien dormi!!!

a dit...

Bienvenue chez nous co-dormeuse Évangéline!

Anonyme a dit...

Une autre ici.
J à presque 18 mois, fait ses nuits complètes dans son lit à intermittence. Elle vient nous trouver ou nous appelle si elle se réveille et on se colle.... pi j'aime ça moi aussi! :-)
Coudonc, je ne peux pas la blâmer, je ne fais pas mes nuits tout le temps moi non plus!
- MA

Anonyme a dit...

Commentaire additionel après tes recommendations des livres de Dr. Sears sur le sommeil: Celui d'Élisabeth Pantley. En anglais il s'appelle "The No-Cry Sleep Solution". Je ne suis pas certaine s'il a été traduit, mais j'imagine que oui... C'est plus dirigé pour les parents exténués qui cherchent à avoir un peu de sommeil sans laisser hurler leur petit, mais il y a tout de même plusieurs bonnes idées à y prendre pour tous selon moi.
Pas de 5-10-15. Pro cododo, Pro allaitement prolongé et pro "suivre ton instinct de parent".
- MA (encore)

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