Pourtant ma bedaine me fait aussi me questionner sur l'avenir de notre société, mais principalement sur MON avenir. La grossesse devait être le début de quelque chose de grand et de beau, mais est-ce possible qu'elle soit aussi la fin de certains idéaux (et je ne parle pas ici de vie de jeunesse ou d'intimité de couple)? C'est comme si je réalisais finalement que cet enfantement m'empêcherait peut-être de mener à bien certains de mes rêves, que ce bébé pourrait être un frein à mon épanouissement personnel. C'est grave ce que je dis. Ce petit être bloquerait mes aspirations par sa simple présence, mais aussi par les barrières que je metterais moi même sur ma route afin d'être une bonne mère et puis les barrières que la société m'imposerait.
Je sais plus qui à dit que "Le féminisme s'arrête là ou la maternité commence" mais il y a des jours ou j'y crois plus que d'autres. Je lisais ce matin
Il y'a cinq mois, j'ai offert mon corps à une crevette en ne sachant pas ce que ça me demanderait; nausées, fatigue, inquiétudes, maux de ventre, vergetures, l'impression de ne plus être maître de son corps, lourdeurs, insomnie, manque d'appétit et j'en passe. L'expérience est un véhicule qui me fait grandir, qui me fait découvrir une autre facette de ma féminité (celle qui me permet d'enfanter), mais qui me fait aussi réfléchir sur les implications qu'une telle décision aura sur ma vie.
J'aurais voulu faire une maîtrise, peut-être même un doctorat un jour, mais est-ce que ce sera possible en ayant une bouche de plus à nourir, alors que ma priorité ne sera plus mon développement personnel, mais celui d'un autre être humain? J'aurais aimé participer à d'autres programmes d'échanges internationaux et ça, je dois mettre une croix dessus. J'aurais voulu aller travailler à l'étranger, mais vais-je oser emmener un petit boutte à l'autre bout du monde, dans des conditions sanitaires pas toujours adéquates? J'aurais voulu poursuivre dans la voie du développement international, mais est-ce que ce manque de stabilité marquera ma crevette? Mon envie d'être mère ne s'est jamais embarassé de ces questions, et maintenant qu'il est trop tard pour faire marche arrière (et que j'en ai pas envie), je me demande ce que ce choix signifie vraiment.
Je ne fais pas un enfant pour le faire élever par d'autres. Je voudrais pouvoir passer le plus de temps possible avec lui, oublier les garderies et rester avec le plus longtemps possible, mais je ne veux certainement pas que mon rôle dans la société se réduise à celui d'être mère. Je me compllexifie l'existence avec tous ces questionements... et je ne peux imaginer les questions que je me poserais si je n'étais pas née dans une province qui me permet un des meilleurs congé parental qui soit. J'entrevois cette année de maternité passée avec mon poupon comme une chance inouie d'apprendre et de s'apprivoiser.
L'implication que cette grossesse à sur moi me fait découvrir que ma réalité féminine est encore bien différente de celle des hommes. C'est moi qui vit tous les changements pas mon chum (pourtant il le voudrait bien)! C'est encore trop souvent les mères qu'on voit dans les urgences parce que bébé ne va pas bien, les mères qui manquent des journées de travail parce que la gardienne est malade, les mères qui se font critiquer parce qu'elles n'allaitent plus (c'est vrai que les pères peuvent difficilement le faire, mais il reste que ce devrait être une décision de couple que les gars, par peur d'imposer leur vision, laisse à leur blonde), les mères qui subissent les jugements d'autrui (surtout des autres mères) parce qu'elles retournent trop tôt, ou trop tard, ou pas du tout, au boulot...
La maternité est encore trop souvent une histoire de fille et non une histoire de couple. Moi, j'ai de la chance, mon Péha est là, à toutes les étapes et désire même partager une partie du congé parental... Mais est-ce que j'aurai le coeur de laisser Crevette seule à la maison avec papa?
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