mardi 15 juillet 2008

L'armée rouge de la séduction

Au Cégep, dans les cours de psychologie, on nous parlait souvent des différences entre les hommes et les femmes. "Les hommes ont plus tendance à réagir ainsi". "Les femmes pensent plus de telle façon". On présentait des caractéristiques types de chacun des sexes, mais à tout coup, je me retrouvais dans la catégorie opposée. Il est vrai que je ne suis pas la quintessence de la féminité, mais je ne suis pas non plus un garçons manqué. Malgré le fait que je me lie d'amitié beaucoup plus facilement, et plus rapidement il va de soi, avec des femmes, j'apprécie encore plus avoir des conversations avec des hommes. En grand groupe, je me retrouve plus souvent qu'à mon tour avec eux, à déconner ou à refaire le monde. Plusieurs facettes de ma personnalité sont foncièrement masculines, même si mon fond ne l'est pas. J'imagine que c'est ce à quoi les chinois pensent quand ils parlent de Yin et de Yang.

C'est probablement à cause de cette dualité qu'un reportage comme celui d'Alexandra Szacka, au Téléjournal d'hier, me faire bouillir autant (reportage à voir!). Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, en voici le résumé (trouvé sur le site de Radio-Canada):
"Séduire un homme
(14 juillet 2008) - À mille lieues de L'école des femmes de Molière et plus loin encore de certains enseignements féministes, une école moscovite enseigne aux femmes comment attirer le prince charmant, un prince charmant riche qui pourra les faire vivre.

Dans ces classes, l'art de la féminité consiste à tirer toutes les ficelles de la séduction, les bonnes comme les mauvaises.

Comme Alexandra Szacka l’a constaté, l’émancipation de la femme russe n’est plus ce qu’elle était."

Je sais qu'il faut relativiser, que la Russie est le théâtre d'une culture bien différente de la nôtre, que je ne connais pas tout à fait les coutumes de cet autre monde... N'empêche que le tout me fait dresser le poil sur les bras. De savoir qu'il y a des femmes, peu importe où, qui croient pouvoir rencontrer l'homme de leur vie en ne misant que sur leurs charmes, ça me désole. Non seulement la femme-objet existe encore, mais en plus elle est valorisée. Puis, de voir qu'il y a des gens prêts à exploiter ces "pauvres" femmes en quête d'amour m'attriste encore plus. Parce que c'est principalement l'amour qu'elles recherchent toutes. Malheureusment, pour certaines l'amour c'est de se faire entretenir.

De les voir se déhancher, s'asseoir, donner la main, m'a vaguement fait penser aux Beautés désespérées. Moi qui croyait que ce n'était que de la fiction, j'en ai pris pour mon rhume. Je n'ai rien contre le fait qu'une femme décide de rester à la maison; ce qui me dérange, c'est quand elle s'organise pour trouver un homme en fonction de ce désir: pas parce qu'elle a la fibre maternelle et veut rester avec les marmots; pas parce que c'est en prenant soin de la maison qu'elles s'accomplissent le plus; juste parce que ça fait classe de se faire vivre par ti-mari.
Le féminisme et la libération de la femme ont permis aux représentantes du beau sexe de choisir leur propre accomplissement, et non plus d'être la potiche d'un homme. Vous me direz que si c'est ce que les cocottes russes veulent, pourquoi devrait-il en être autrement... Je ne sais pas! Mais j'ai tout de même un malaise face à cette histoire. J'imagine que ce sont les pressions sociales qui font que ces femmes ont ce genre d'idéaux. Que c'est le désir d'une autre vie, modelée à la sauce hollywoodienne qui leur font penser que tous les hommes sont des Richard Gere qui feront d'elles des Pretty Woman. Parce que pour moi, agir ainsi, c'est un peu, à la manière du personnage de Julia Roberts, prostituer sa féminité et l'enfermer dans un corps sans vie. J'exagère sans doute! J'imagine que pour elles, c'est une manière de se couvrir de ouate, d'améliorer sa condition (qui peut être contre ça?) et possiblement de tomber vraiment amoureuse, d'être la femme de QUELQU'UN.

Finalement, je pense que ce qui m'horripile le plus dans tout ça, c'est le moyen pris pour arriver à cette fin. Pourquoi devoir payer un fort prix (200$ par mois) pour apprendre l'art de la séduction? La séduction c'est pas juste une histoire de talons hauts. C'est bien sûr un jeu, mais lorsqu'on gagne c'est parce que la partie est finie. J'ai peut-être une conception erronée du couple, mais pour moi la bonne recette reste un homme et une femme (ou deux hommes, ou deux femmes... je suis tout de même moderne!) qui s'aiment. Et l'Amour ça ne s'achète pas dans une école de séduction. Elles arriveront sûrement à accrocher leur poisson, mais le plus dur reste à venir: le sortir de l'eau et le convaincre de rester dans la chaloupe.

Ce genre d'histoire me rappelle que l'hypersexualisation et les stéréotypes font peut-être autant de ravages sur notre condition dans le monde que la violence faite aux femmes, la soumission et l'oppression. Et malheureusement, dans ce cas-ci, c'est entre femmes qu'on se nuit!

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