vendredi 12 octobre 2007

Le Canada (2e partie)

Décidément, je ne sais pas ce qu'il y a dans l'air, mais le Canada est VRAIMENT présent de par icitte. Et paradoxalement, cette omniprésente ne vient que confirmer pour moi une forme d'inexistence...

Oh il y a bien une grande masse (généralement rose sur les globes-terrestres) qu'on appelle le Canada... mais un esprit canadien, des valeurs communes, une appartenance et une connaissance communes? J'en doute... Il y a une grande différence entre les gens de Québec et ceux de la Gaspésie... imaginez entre quelqu'un du Cap Breton et quelqu'un de Vancouver...

Bon, les différences ne sont pas l'unique raison qui me fait croire que le Canada n'est pas un vrai pays. La perception que les gens en ont, vraiment ambigüe, le démontre bien: on est à la fois fier de nos beaux et fringants olympiens, mais on voit le fédéral comme un vampire qui suce nos portefeuilles (et on en parle à la troisième personne du singulier, comme quelque chose d'extérieur).

Le palier fédéral est devenu une sorte d'excroissance parasitaire. On nous enseigne à l'école que le Canada est le résultat de la réunion des colonies britanniques d'Amérique du Nord, une sorte de coop destinée à nous avoir des prix de gros, à nous défendre, à nous faire respecter à l'extérieur. Aujourd'hui, cet instrument, ce moyen d'épanouissement est devenu une fin en soi: le Canada devait nous aider, maintenant nous devons aider le Canada.

Au cours des dernières semaines, Terre-Neuve(-et-Labrador...) et l'Ontario étaient en campagne électorale. Bien souvent on entendait dans le discours des chefs des avertissements adressés au gouvernement fédéral, et se servir de cette animosité pour se gagner du capital de sympathie auprès des électeurs. On dirait que chaque province se sent lèsée par le fédéral (sauf l'Île du Prince Édouard), dénonçant l'intrusion dans ses champs de compétence, l'inégalité de son traitement, l'incompatibilité avec le mur-à-mur canadian, parfois même évoquant le spectre de la séparation.

Mais plus que tout, j'ai la ferme conviction que pour ressentir une appartenance, il y a certains ingrédients qui nous sont nécessaires. Tout d'abord, une connaissance de l'histoire. Là, le Canada est mal servi, avec des récits fort différents suivant que l'on pense dans la langue de Tremblay ou celle de euh... Yann Martel, tiens. Difficile, donc, de ressentir au tréfonds de nous le même Canada que nos voisins. Autre ingrédient essentiel: le partage d'expériences vécues. Les villes-frontières sont souvent le théâtre de partage de ressources, d'événements, de structures, voire d'histoire. Mais au-delà de cette proximité géographique, rares sont les expériences communes qui permettraient de bâtir un authentique sentiment canadien. Dans une ville, par exemple, ce sentiment peut se vivre lors de la réalisation de projets communs, ou de la traversée d'une épreuve collective, ou par l'utilisation commune d'un espace, ou par l'élaboration d'un imaginaire collectif. Au Canada... euh, ben y'a la deuxième guerre mondiale, là... pis la première... pis la charte des droits... euh... pis la confédération...

Le Canada est comme un mur sans brique, qu'avec du mortier.

Le Canada est comme HAL, l'Ordinateur de bord du vaisseau en route vers Jupiter, dans 2001: Odyssée de l'espace. Quand pour sauver la vie des membres d'équipage, on tente de faire dévier le cours de la mission (qui ne sera donc pas réussie comme prévu, comme HAL avait été programmé), la machine décide qu'il est plus important de s'en tenir à la mission, et prend le changement comme une menace. Ainsi, l'outil créé pour aider l'équipage se retourne contre celui-ci quand il sent sa finalité remise en question. Le Canada me paraît parfois semblable à HAL: il nuit à celles (les provinces) qui l'ont créé pour les mener plus loin.

Que font les politiciens fédéraux? Ne s'en rendent-ils pas compte?

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