Difficile, du moins pour moi, de me faire instantanément à l'idée que je vais devenir père... On dirait qu'il faudrait que le bébé soit là pour que je l'admette, que la switch que j'ai dans la tête passe de "jeune-homme-insouciant" à "père-officiel-ISO-14002"... Mais peut-être est-il là mon problème: je crois que tout ça se passe dans la tête, alors que le sentiment paternel et l'amour filial, ça réside plutôt dans le coeur. Celui du bébé pour être précis...
Une nouvelle étape de la grossesse a été franchie lors de notre dernière visite chez le médecin (notre tout nouveau médecin tout neuf, une jeune femme sympathique qui a l'avantage sur le précédent de ne pas susciter chez nous le doute qu'il s'agit peut-être d'un androïde...). Une étape qui m'a permis de constater que je suis finalement - et heureusement - une moumoune, comme dirait ma Wi. Après le questionnaire d'usage sur les maux de coeur et autres observations, puis la pesée officielle (en vue du combat contre... euh... les embûches potentielles?), Wi s'est étendue sur le dos, et le docteur lui a mesuré l'utérus (chassez ces images sanglantes de votre tête, ça se fait très bien sans lésions).
Puis, la Médecine (Médecin, au féminin) a sorti un appareil qui m'a tout de suite rappelé l'enregistreuse Fisher Price à gros boutons multicolores et micro détachable relié par un fil, qui permettait de chanter sur toutes sortes de musiques endiablées. Mais bien qu'il s'agissait d'un accessoire pour enfant, la chanson qu'il faisait entendre n'avait rien à voir avec tout ce que j'avais entendu jusque là dans ma vie. Quand la Médecine a tendu le micro au bedon enduit de gel ("Attention, ça va être froid"), j'ai entendu pour la première foi chanter en coeur une chanson que j'avais co-écrite. Le rythme galopant de cet hymne à la vie m'a étourdi et ému presque tout de suite. J'avais une preuve qu'il y avait de la vie dans la bédaine de ma blonde, en fait je pouvais entendre cette vie, fragile mais néanmoins présente, installée au creux de mon amoureuse. C'est là que je me suis senti plus que le simple P-A que je suis (mettons un P-A au carré, ou P-A*P-A...), que j'ai compris que j'avais maintenant une mission: soit de protéger cette petite vie, de tout mettre en oeuvre pour qu'elle puisse fleurir, se déployer, développer ses forces pour qu'elle puisse prendre la forme qui lui plaira le temps venu...
J'ai été scrap tout le reste de l'après-midi, les larmes aux yeux, la gorge nouée... Je ne voulais pas penser à autre chose qu'à cette chaleur que j'ai ressentie quand mon enfant a fait son entrée, avec tambours et trompettes, dans ma petite vie jusque là paisible, entretenir cette chaleur pour que jamais elle ne me quitte. C'est elle qui me donne la force de bien préparer son arrivée, et de rendre la vie la plus agréable à Wi, ma p'tite Matrice...
Je cherchais mon enfant à venir dans ma tête; ironiquement, je l'ai trouvé dans son coeur...
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