Les modes changent en alimentations des nourrissons. Les enfants de ma génération mangeaient souvent leur première céréale vers l'âge de 5 semaines. Je ne peux m'imaginer donner à manger à un bébé qui ne se tient pas tout à fait la tête: ça doit vraiment être de la job.. Heureusement pour moi, ma mère s'est toujours intéressée à la nutrition (elle avait entamé des études de nutritionniste lorsqu'elle était au Cégep) et elle avait découvert la première version du livre
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es. » Eh bien moi, je suis gourmande, curieuse, éthique et rigoureuse!
Dès que Bobo a eu trois mois, je me suis mise à entendre des :
"Quand est-ce qu'il va manger ce petit gars-là?"
"Es-tu certaine que le lait maternel c'est assez?"
Même la docteure à dit: "À cet âge-là vous pouvez commencer à lui donner des solides"
et surtout dès qu'il regardait quelque chose de mangeable on lui disait "T'as hâte de manger toi!" "Tu veux des bonbons (de la pizza, de la viande... remplacer le plat par ce que vous voulez, j'en ai entendu beaucoup!)"
Est-ce que ça se peut qu'il fasse juste observer les choses? Qu'il soit curieux? Pourtant personne ne m'a jamais dit: "Hey, y'a vraiment hâte de conduire un char ton gars!" quand il regarde une voiture. C'est un observateur mon fils, un curieux, un petit bonhomme aux grands yeux qui regarde tout... Surtout ce qui bouge et ce qui a de la couleur, comme des bonbons, des oiseaux et les autos!
Plus il vieillissait, pire c'était.
"Il ne mange pas encore?" Un peu interrogatif, un peu réprobateur.
"Moi mon enfant mangeait à un mois!" Un peu triomphal, un peu réprobateur.
"J'ai tellement hâte qu'il mange" - Non mais ça va changer quoi à TA vie si IL mange?
Et pourtant, le fait qu'un enfant mange change beaucoup le rythme de vie de ses parents. Lorsqu'un bébé découvre la nourriture ça veut dire que papa et/ou maman fait des purées, que partout où il va on doit traîner des petits pots de nourriture et surtout que tout le monde veut lui donner ce que bon leur semble. C'est peut-être égoïste, mais j'ai pas envie que tout un chacun se mette à lui donner n'importe quoi. Avant de le nourrir je me suis renseignée sur ce qu'il devait et ne devait pas manger, sur l'ordre d'introduction des aliments et pleins d'autres choses. Et puis il y a plein de choses que j'ai pas envi qu'il découvre. La marde de clown du McDo par exemple. Je sais bien que ce n'est pas pour tout de suite, mais je sais que c'est le début de longue discussion avec tout un chacun. L'alimentation saine, écologique et équitable c'est quelque chose d'important pour moi et j'ai pas envie d'avoir à me battre sur ce front. Mais, quand tu as un enfant, tout le monde a son mot à dire, tout le monde a un conseil pour toi et tout le monde sait mieux que toi ce que tu devrais faire.
J'ai deux souvenirs reliés à des enfants et à la nourriture en tête: celui des enfants d'un ami de mon père à qui l'on offre des bonbons et qu'au lieu de les manger ils courent demander à leur mère si ils peuvent y goûter. J'aimais bien cette idée d'enseigner aux enfants à venir vérifier avec nous si un tel aliment est bon où juste si c'est le bon moment pour le déguster. Il y a aussi l'histoire de Janne, 10 mois, gourmande et curieuse, qui en visite se fait offrir gâteau, pâtes et sucreries. Je me souviens surtout de sa mère qui aurait préféré qu'elle ne mange pas ces choses-là, qui le disait et qu'on n’écoutait pas et qui le lendemain s'occupait de sa fille en troubles digestifs. C'est ce genre d'histoires qui me fait peur.
Pourtant je ne voudrais pas l’allaiter toute sa vie. J’ai hâte de cuisiner avec lui. Je rêve qu’on déguste toute la famille ensemble des crêpes le samedi matin. J’ai envie de lui faire découvrir les fruits, les épices, les desserts, les légumes, les pâtes et plein d’autres. Alors je lis! J’essaie de comprendre ce qu’il faut lui donner et surtout dans quel ordre.
Il a finalement eu six mois et je me suis résolu, mais j’ai choisi de ne pas lui offrir des céréales pour commencer (contrairement à ce que suggèrent les médecins, les nutritionnistes, Santé Canada et tout le tralala!). Je n'ai pas voulu commencer par les céréales, principalement parce que j'ai découvert qu'il n'y a qu'en Amérique du Nord que l’on commence nos vies comme ça, parce que certaines lectures, qui m'inspiraient plus, suggéraient de commencer avec les légumes. Ici, on commence avec les céréales parce qu'elles sont enrichies de fer; j'ai donc choisi de commencer avec le tofu mou, qui pour sa art contient beaucoup de fer (mais pas enrichi).
B. a donc goûté au tofu, aux carottes, à l'avocat, à la courge musquée, aux zucchinis, à la banane, aux patates sucrées et à chaque fois c'était la guerre. Il ne voulait rien savoir, se fermait la bouche à double tour. Toussait comme s'il s'étouffait. Toussait comme s'il allait vomir, recrachait et faisait des grimaces. Ça me brisait le coeur de lui faire des singeries pour qu'il sourisse et que dès qu'il souriait je lui enfouissait une cuillérée dans la bouche. Je me sentais traitre de le déjouer ainsi. J'ai donc tout laissé tomber. Et puis merde, il mangera pas cet enfant-là!
De temps en temps j'essayais une petite cuillérée...c'était toujours le même histoire, sauf les deux fois où je lui ai mis des bouts de pommes dans un
Puis finalement hier on a repris les zucchinis: de son propre chef il a ouvert la bouche. Il a même pris la cuillère pour la mettre à sa bouche. Il a refait de même aujourd'hui avec des zucchinis mélangés à du tofu mou. Il a finalement mangé avec intérêt et appétit.
S'il continue ainsi ce sera le début d'une belle aventure culinaire!
Miam!
2 commentaires:
Oh lala, moi aussi ça m'énerve "Elle regarde ton assiette, elle doit avoir faim"! Quel commentaire insignifinant. Cocotine commence aussi a ouvrir la bouche elle aussi, depuis 2-3 jours. Mais elle aime bien quand tout est mélangé avec beaucoup de lait de maman...
Le pire c'est que je ne devrais pas m'en faire avec ce que le monde me dit. Mon mec me dit toujours de ne pas laisser ces commentaires m'affecter, mais je n'y peux rien c'est plus fort que moi. Ça me touche! Je rage à chaque fois que quelqu’un pense connaître mon fils mieux que moi. Péha, de son côté, ne se sent pas affecté par tout ce que les gens disent, racontent ou suggèrent. Alors, c’est soit que ça touche plus les mamans que les papas, soit qu’on dit plus souvent aux mamans ce qu’elles devraient ou ne devraient pas faire ou soit que c’est moi qui est trop susceptible (en vrai, c’est sûrement un peu des trois). N’empêche que c’est le fun de savoir que je ne suis pas la seule que ça écoeure!
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